Depuis une vingtaine d'années, des formes nouvelles et tout à fait spécifiques sont apparues dans l'échec scolaire. L'auteur, qui a fait de longues études sur l'écriture et le langage écrit de l'enfant, démontre qu'à ces échecs de plus en plus nombreux, correspondent des raisons précises qui tiennent au système nouveau des apprentissages fondamentaux: lecture, écriture, calcul.
Elle démonte les mécanismes idéologiques totalement irresponsables à travers lesquels un certain nombre de penseurs, à la fin des années 60, ont entrepris la destruction systématique des grandes bases de l'enseignement élémentaire.
Rien de théorique dans sa démonstration. Beaucoup d'exemples concrets grâce auxquels le lecteur, parent d'élève ou, tout simplement, homme de bon sens, découvrira avec stupéfaction une « machination » extravagante contre l'intelligence et le bon sens.
Au terme de cette analyse, le plus grand sujet d'étonnement et d'émerveillement que l'auteur nous fait partager, c'est que, malgré tout, tant d'enfants aient pu réussir à s'en sortir.
Enseignante et chercheur au CNRS, Liliane Lurçat est docteur en psychologie et docteur ès Lettres. Elle a mené des recherches dans des écoles maternelles et primaires de Paris et de la banlieue, durant toute sa carrière.
Lire la suite sur le site de SAUVER LES LETTRES >>>
Liliane Lurçat, directrice de recherche honoraire au CNRS, en octobre 2002. Crédits photo : AFP
INTERVIEW - Pour Liliane Lurçat, spécialiste de la psychologie de l'enfant, l'ordinateur trouble l'apprentissage de l'écriture.
Depuis quarante ans, les travaux de Liliane Lurçat, directrice de recherches honoraire en psychologie de l'enfant au CNRS, s'intéressent au lien entre lecture et écriture et au danger des écrans sur le cerveau des plus jeunes.
LE FIGARO. - Vous êtes très réticente quant à l'introduction des ordinateurs à l'école. Pourquoi ?
Liliane LURÇAT. - Il faut distinguer différentes étapes suivant l'âge des enfants. Mais l'ordinateur trouble l'apprentissage de l'écriture. Celui-ci se fait par le lien entre le geste et le centre du langage dans le cerveau. Il nécessite une posture spécifique pour libérer le tronc, qui entraîne ensuite la main. L'apprentissage du geste se fait à la maternelle. L'écriture en script, par exemple, est à bannir car elle crée une discontinuité qui trouble la perception des mots. Ensuite, à l'école primaire, le geste devient peu à peu porteur à la fois de forme et de sens. Le processus s'achève en début de collège avec l'acquisition de la rapidité. Malheureusement, on a abandonné la pédagogie systématique du geste. On a fabriqué des dysgraphiques, à l'écriture illisible.
Mais si l'on introduit l'ordinateur au collège, le problème est-il le même ?
Les enfants d'aujourd'hui, justement parce qu'ils sont victimes d'une carence dans l'apprentissage premier, sont moins aptes à passer à l'ordinateur. En effet, c'est au collège que se révèlent les problèmes de dysgraphie accumulés à l'école primaire. Ce n'est pas parce qu'ils savent jouer avec l'ordinateur qu'ils peuvent le maîtriser. Dans l'apprentissage normal, le dessin, la trajectoire, la rapidité et l'orthographe sont automatisés. Seul le contenu sémantique ne l'est pas. C'est en écrivant qu'un élève enregistre et accède au sens. Si ces automatismes ne sont pas acquis, il ne peut y avoir de maîtrise du sens. Et il ne peut y avoir de mémorisation.
D'où vient cette destruction de la pédagogie de l'écriture ?
J'ai vu aux États-Unis, en 1967, les débuts de l'introduction des claviers à l'école. Il y avait des enfants qui refusaient tout simplement d'apprendre à écrire avec un stylo. D'autres le faisaient, mais allongés par terre, dans des postures impossibles. L'Institut national de la recherche pédagogique a ensuite introduit en France cette idéologie de l'écriture-dessin. Un jour, une institutrice à qui je conseillais d'accompagner le geste des élèves me répondit qu'il était « fasciste de leur tenir la main pour leur donner un modèle ». Tout était dit.
Interview Liliane Lurçat,
Directeur de recherche honoraire au CNRS (psychologie de l’enfant).
Docteur en psychologie, Docteur ès Lettres et Sciences Humaines.
Lire la suite sur le blog de Paperandco >>>
Depuis quarante ans, les travaux de Liliane Lurçat, directrice de recherches honoraire en psychologie de l'enfant au CNRS, s'intéressent au lien entre lecture et écriture et au danger des écrans sur le cerveau des plus jeunes.
LE FIGARO. - Vous êtes très réticente quant à l'introduction des ordinateurs à l'école. Pourquoi ?
Liliane LURÇAT. - Il faut distinguer différentes étapes suivant l'âge des enfants. Mais l'ordinateur trouble l'apprentissage de l'écriture. Celui-ci se fait par le lien entre le geste et le centre du langage dans le cerveau. Il nécessite une posture spécifique pour libérer le tronc, qui entraîne ensuite la main. L'apprentissage du geste se fait à la maternelle. L'écriture en script, par exemple, est à bannir car elle crée une discontinuité qui trouble la perception des mots. Ensuite, à l'école primaire, le geste devient peu à peu porteur à la fois de forme et de sens. Le processus s'achève en début de collège avec l'acquisition de la rapidité. Malheureusement, on a abandonné la pédagogie systématique du geste. On a fabriqué des dysgraphiques, à l'écriture illisible.
Mais si l'on introduit l'ordinateur au collège, le problème est-il le même ?
Les enfants d'aujourd'hui, justement parce qu'ils sont victimes d'une carence dans l'apprentissage premier, sont moins aptes à passer à l'ordinateur. En effet, c'est au collège que se révèlent les problèmes de dysgraphie accumulés à l'école primaire. Ce n'est pas parce qu'ils savent jouer avec l'ordinateur qu'ils peuvent le maîtriser. Dans l'apprentissage normal, le dessin, la trajectoire, la rapidité et l'orthographe sont automatisés. Seul le contenu sémantique ne l'est pas. C'est en écrivant qu'un élève enregistre et accède au sens. Si ces automatismes ne sont pas acquis, il ne peut y avoir de maîtrise du sens. Et il ne peut y avoir de mémorisation.
D'où vient cette destruction de la pédagogie de l'écriture ?
J'ai vu aux États-Unis, en 1967, les débuts de l'introduction des claviers à l'école. Il y avait des enfants qui refusaient tout simplement d'apprendre à écrire avec un stylo. D'autres le faisaient, mais allongés par terre, dans des postures impossibles. L'Institut national de la recherche pédagogique a ensuite introduit en France cette idéologie de l'écriture-dessin. Un jour, une institutrice à qui je conseillais d'accompagner le geste des élèves me répondit qu'il était « fasciste de leur tenir la main pour leur donner un modèle ». Tout était dit.
=======================================
Interview Liliane Lurçat,
Directeur de recherche honoraire au CNRS (psychologie de l’enfant).
Docteur en psychologie, Docteur ès Lettres et Sciences Humaines.
Lire la suite sur le blog de Paperandco >>>