jeudi 12 avril 2012

Les inégalités s'aggravent dans les écoles, selon la Cour des Comptes


le 12 avril 2012, sur TF1 >>>
 
L'école doit offrir les mêmes chances à tous les enfants. Pourtant un rapport d'observations provisoires de la Cour des Comptes, que s'est procuré Le Monde, montre des inégalités croissantes de répartition des moyens dans le domaine de l'éducation en France.
Les moyens attribués renforcent les inégalités dans les écoles en FranceLes moyens attribués renforcent les inégalités dans les écoles en France © Comstock Images / Getty images
 
Le quotidien Le Monde daté de vendredi a mis la main sur un rapport d'observations provisoires de la Cour des Comptes, qui constate les inégalités et l'injustice de la répartition des moyens d'enseignement sur le territoire français. Ce rapport de 93 pages affirme que l'Etat fait du favoritisme. Plus le niveau de l'académie est élevé et plus elle est favorisée. En revanche,  il donne moins à ceux qui cumulent tous les risques de réussir moins bien. L'académie de Créteil, qui était en 2006 dans la moyenne nationale pour la dépense par élève dans le primaire, a chuté au 22e rang sur 26, selon la Cour. On retrouve cette injustice dans les lycées et les collèges. Lors de la dernière rentrée, Créteil, qui gagnait 3 836 élèves dans le second degré, perdait 426 postes. De son côté, l'Académie de Paris, qui gagnait 1 000 élèves, obtenait vingt emplois supplémentaires.

Les magistrats de la Cour des Comptes, dont certaines demandes n'ont pas abouti, ont peiné pour obtenir certaines informations du ministère de l'éducation, peut-on lire dans Le Monde. L'Etat a déboursé 47% de plus pour former un élève parisien que pour éduquer un banlieusard de Créteil ou de Versailles en 2010. Et 51% de plus pour former un Parisien qu'un Niçois. Des chiffres marquants !

Comment expliquer de telles inégalités ?
Selon la Cour des Comptes, le ministère ne tiendrait pas compte du nombre d'élèves, de leurs résultats et de leurs difficultés sociales pour octroyer les crédits et les postes d'enseignants. Selon ce rapport, les calculs se font par rapport aux moyens dont dispose déjà une académie. S'y ajoutent deux principes : plus une académie est grande, plus elle est ponctionnée en période de récupération de postes. Et plus son tour arrive tard dans le dialogue de gestion entre le ministère et les académies, moins il reste de postes de professeurs à distribuer. Créteil et Versailles, qui couvrent la banlieue parisienne et ses quartiers difficiles, répondent à ces deux critères.

Et la différence de traitement débute dès qu'un enfant est scolarisé, indique la Cour des Comptes. Pour un enfant de primaire de l'académie la plus défavorisée de France métropolitaine, le pays dépense 2 861 euros par an, a compté la Cour. Pour un Parisien, il en dépense 3 134. Durant les années en cours primaire, cela fait un différentiel d'une année d'enseignement. Les enfants de deux ans qui sont scolarisés sont les premiers à en être écartés. Le rapport indique qu'en Seine-Saint-Denis, seuls 0,9% des moins de trois ans ont une place à l'école contre un peu plus de 4% dans l'académie de Créteil et 13,4% en moyenne nationale.

Autre inégalité, un établissement de ZEP de Créteil coûte moins cher à l'Etat qu'un établissement à Paris. Selon l'académie, où elle se trouve, une école située dans une ZEP sera différemment dotée. Dans l'académie de Marseille, l'éducation prioritaire totalisait en 2010 des taux d'encadrement de 4,3% inférieurs à la moyenne d'encadrement de l'académie quand les établissements non ZEP étaient 1,6% au-dessus, relève la Cour des Comptes.