mercredi 1 février 2012

DANS NOTRE BIBLIOTHEQUE...

La semaine passée le maître a reçu
deux magnifiques livres de la Librairie des Ecoles.




"Le livre qu'on va lire parle de la France, de son histoire et de ses rois. Un roi de France - et de nos jours un président de la République - peut jouer de diverses fonctions, éventuellement simultanées. Ce peut être, du moins jusqu'en 1830, un roi sacré ou même sacralisé, propagateur d'un christianisme de bon aloi, certes très discuté de nos jours dans une France qui, à maintes reprises, s'est voulue laïque. On pense à saint Louis qui fut, à ce point de vue, un succès sur toute la ligne. Dans un genre pas tout à fait similaire, Louis XIV, qui avait heureusement d'autres mérites, s'est essayé, lui aussi, à cette prouesse ultra catholique avec la révocation de l'Édit de Nantes. Ce fut une grave erreur, une faute considérable et un échec.

Peut-on, de nos jours, parler de sacralité présidentielle ? On sait bien que le chef de l'État se situe, par sa position même, au-dessus de l'ordinaire humanité, même dans une nation souvent agnostique comme la nôtre. C'était le cas à coup sûr avec le général de Gaulle, chef de l'État dans les années 1960.


Nos souverains français furent beaucoup plus à l'aise dans un rôle qu'a fort bien décrit l'historien Joël Cornette, celui du « roi de guerre », rôle pourtant fort discutable aujourd'hui, au gré de nos mentalités en général hyper-pacifistes. Nos hommes d'État français ou européens refusent autant que possible de se livrer à de tels jeux guerriers, alors qu'aux États-Unis peut émerger de temps à autre, et même au XXIe siècle, un « président de guerre », peu concevable, en revanche, sur les bords de la Seine. Parmi les monarques français qui se livrèrent à ces jeux bellicistes, on peut citer Charles VII rétablissant les armes à la main l'unité du royaume ; Louis XI réunissant la Bourgogne ; les Valois du XVIe siècle se livrant à d'assez stupides guerres en Italie. Les souverains suivants, depuis Henri II jusqu'à Louis XV et même Napoléon III, construisirent l'Hexagone à tour de rôle et souvent à grands coups d'épée. Parfois, le roi de guerre, un empereur en l'occurence, peut être atteint de mégalomanie, malgré bien des qualités incontestables. C'est le cas de Napoléon Ier, dont les conquêtes furent tellement immenses qu'elles s'avérèrent indigestibles au titre d'un Hexagone qui n'en pouvait mais. Elles menèrent ce personnage presque incroyable à sa catastrophe finale, hors du commun.


Le roi devait être aussi, en principe, un « bon père de famille » soucieux du bien-être de ses sujets. C'est ce à quoi s'employèrent, à partir du ministère de Colbert, les monarques, puis les présidents désireux de veiller au niveau de vie des citoyens, soucieux aussi de promouvoir l'économie et les richesses de la nation. Ce rôle est aujourd'hui un peu délaissé, dans la mesure où l'on prêche le libéralisme ; les Français étant priés de se débrouiller par eux-mêmes sans recourir aux bienfaits de l'État en vue d'assurer leur subsistance et pour accéder, le cas échéant, à un agréable niveau de consommation personnel et familial.


Je mentionnerai enfin une dernière vertu du monarque et de l'État souverain dans la mesure où ils incarnèrent tous deux, du moins en théorie, la nation et le peuple français. La Belgique doit son existence à Louis Philippe, à tout ce que cet homme représentait de par son auguste fonction. L'Italie est infiniment redevable à Napoléon III et aux soldats français qui se firent tuer pour elle à la sanglante bataille de Solferino. Les États-Unis, enfin, n'auraient peut-être pas existé sans l'initiative militaire et maritime de Louis XVI et de ses ministres. Belgique, Italie, États-Unis, ce sont là de grands noms, chacun selon sa destinée spécifique. Ils font honneur à l'une des vertus essentielles des rois de guerre, fussent-ils aussi bons pères de famille et postés « sacrément » au-dessus des autres mortels. Cette vertu se doit d'allier la force des armes à l'amour du bien public. Elle est la Générosité. Elle animera aussi les hommes politiques européens en 1957 et au-delà, quand ils proposeront aux états de notre petit cap de l'Eurasie la création d'une Europe communautaire.


Telles sont, parmi bien d'autres visées, les préoccupations dont s'est inspiré Jérôme Maufras dans le livre qu'il met aujourd'hui à la disposition des enfants des écoles primaires. Ce livre ressuscite en outre, avec raison, les vertus roboratives d'une stricte chronologie.


Emmanuel Le Roy Ladurie




"Quel écolier français n’a pas un jour appris et récité « La Cigale et la Fourmi », ou « Le Corbeau et le Renard » ? À l’instar des contes, les fables appartiennent à notre patrimoine et constituent une mémoire commune, partagée de génération en génération. Ces poésies ont traversé les siècles parce que leur sagesse n’a pas pris une ride : ce qu’elles nous apprennent de la nature humaine, avec ses travers et ses faiblesses, est aussi vrai aujourd’hui qu’il y a trois cents ans.
Ce florilège propose aux jeunes lecteurs de l’école primaire de découvrir cinquante fables choisies. Toutes méritent d’être connues de nos enfants, des plus célèbres, écrites par Jean de La Fontaine, à celles familières aux écoliers d’autrefois, signées Florian, Le Bailly ou Ratisbonne. Concis, savoureux, souvent drôles, ces textes nous offrent autant de leçons de sagesse à méditer.
Afin que les enfants tirent le plus grand profit de leur lecture, la découverte des fables gagnera à être accompagnée par un adulte. L’organisation du recueil répond à une logique de progression : les premiers textes sont les plus simples, les derniers les plus complexes. Nous vous conseillons donc de les aborder dans l’ordre proposé. Lisez la fable une première fois à voix haute devant votre enfant, en n’hésitant pas à faire vivre les personnages, en « jouant » les dialogues et en mettant l’intonation qui convient ! Ce faisant, vous rendrez la compréhension du texte plus facile et son contenu plus attrayant.
Pour aider le jeune lecteur, chaque fable est accompagnée d’explications de vocabulaire et de questions de compréhension. Le lexique explique les mots et les tournures difficiles, comme les termes devenus rares. Il apporte également des informations sur les animaux ou les plantes qui sont les héros de ces fables : le lièvre, la carpe, le thym, la rose trémière... Vient ensuite une série de questions : les premières, très simples, permettent de s’assurer que l’enfant a bien saisi l’essentiel, en identifiant les personnages principaux et l’enjeu de la situation. Puis l’intérêt
se porte sur les intentions de l’auteur et la morale de la fable. Enfin, une dernière
question rapporte le sujet de la fable à une expérience familière. Ainsi, au fil des
échanges, l’enfant sera amené à percevoir les leçons morales et les règles sociales
que ces fables nous enseignent.
Que ce moment de lecture « à quatre mains » permette de guider nos lecteurs en herbe dans ce parcours enrichissant, et fasse de la découverte de ces fables un temps de plaisir et de réflexion partagé."
Virginie Auguste-Dormeuil